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samedi 5 juillet 2014

Avant la musique il y avait le bruit, et avant le bruit il y avait... Le deathcountry.






En général, quand on voit un mot avec le préfixe « death », on a peur. Normal, car il est souvent la justifiaction d'un chant proche d'un hurlement provoqué par une combustion spontanée, d'un batteur qui se fait pousser cinq bras pour l'occasion et qui tape sur tout ce qu'il peut atteindre, et d'une guitare dont les cordes s'usent aussi vite que le médiator qui les titillle. Nous allons cependant contredire ce propos à peine exagéré en parlant d'un genre dont rien que le nom fait sourire, le deathcountry.




Et oui, ça existe ! Mais ici, point de violence, mais plutôt une musique qui ne semble être que l'ombre d'elle-même, un chant désincarné et une instru dépouillée. Un genre qui conviendrait parfaitement à un enterrement. Et pour cause, non satisfait de donner le cafard avec seulement l'intro, les paroles ne sont pas des plus optimistes. Traitant principalement de sujet morbides comme la mort, les condamnations, des personnages marginaux qui ont généralement assassiné toute leur famille, ce n'est pas la musique la plus réconfortante qui soit. On retrouvera aussi un petit penchant pour la religion, surement des orthodoxes.




Présenté comme un sous-genre de musique country, le deathcountry puise dans la musique folk et country traditionnelle des années 40, en s'inspirant notamment de Hank Williams, une icône de la musique country. A ceci est mêlé un punk rock que l'on sentira principalement dans le chant, car en effet on ne trouvera pas de guitare saturées couvertes par une basse rageuse. Non, ici seulement une guitare sèche, un banjo, et occasionnellement violon et percussion. Egalement une contrebasse, faisant écho avec le psychobilly dont les principaux groupes utilisaient également cet instrument, comme les groupes Demented Are Go ou The Meteors, genre auquel Didier Wampas fera hommage avec le titre Quand j'étais psycho.




Mais maintenant, il est temps de se plonger dans le deathcountry en parcourant les princiaux artistes de ce genre. On commence avec Graveyard Train, qui répond parfaitement aux critères du genre, un son dégueulasse et une country qui tend vers le folk, on retiendra des titres comme Even Witches Dancing ou encore The Ferryman. Malheureusement, très peu d'informations sont disponibles sur ce groupe.




Mais on passe à un des meilleurs groupes, sinon le meilleur, Those Poor Bastards. Déjà le nom est génial, et la musique l'est encore plus. Il ne s'agit plus de faire de la musique propre, il s'agit de sortir ce qu'on a dans le ventre et de le plaquer sur un CD. Et ça marche rudement bien, déjà six albums pour ce groupe, qui mélange sa country dépouillée avec un gothique morbide qui pourrit littéralement toutes les chansons du groupe, et c'est ce qu'on aime. Plusieurs de leur morceaux sont des titres phares du deathcountry, si lumière il y a, comme Sacrificial Lamb, I Walk The Line (reprise de Johnny Cash), Crooked Man, ou encore Old Pine Box.





Ce qui est une belle transition vers le groupe suivant, The Pine Box Boys. Créé en 1993, ce groupe est cependant plus soft que les deux précédents, moins « death » dans l'âme, ou alors il faudrait rajouter un pré-préfixe, qui donnerait du speed deathcountry, Mr Skeleton à l'appui. On retrouve cependant ce ton humouristique voir cynique propre au deathcountry. On retiendra également le titre Will You Remember Me, qui, pour le style, est d'une terrible beauté, mais une beauté enfouie, oubliée sous les décombres sur lesquels ces groupes ont appris la musique.




Mais maintenant parlons d'un des groupes les plus sublimes, des plus décharnés, Sons Of Perdition, groupe qui semble ne tourner autour que d'un seul homme, Zebulon Whatley, mais dans le doute on en parlera au pluriel. Forts de quatre albums, ils se rapprochent de Those Poor Bastards, en moins dégueu, et en plus épuré, si c'est possible. Sons Of Perdition, c'est la simplicité, l'austérité. Un premier plan très léger, avec en général une guitare et une voix, accompagnées à l'occasion d'un autre instrument. Mais là où Sons Of Perdition se distinguent, c'est par le travail sur le fond, en parsemant le morceau de divers bruits d'ambiance – on vous renvoie au titre Burial At Sea. Ce petit penchant pour l'expérimental va caractériser le groupe au long de sa discographie. Enfin on pourra retenir des titres comme Blood In The ValleyPsalm Of RetributionAnhelo,...





Bien sur, il en existe beaucoup d'autres, mais il faut bien faire une sélection. Pour finir, nous dirons que le deathcountry est un terme qui a été utilisé pour la première fois par Hank Ray (merci Wikipédia), et qui s'est essentiellement développé dans les années 90. L'influence du punk se fait également sentir dans la durée des morceaux, qui dépassent rarement les quatre minutes. On s'en remet une petite compile, histoire que vous ayez le temps d'accrocher une corde au plafond. 







Bien sur n'écoutez pas ça toute la journée, à un moment ça devient pesant. Mais ici l'important c'est de découvrir, et ce genre obscure peut s'avérer utile, notamment pour montrer aux amateurs de death-metal-core-speed-fusion qu'on peut être death sans pour autant annihiler les tympans de tout un peuple. 



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