En
général, quand on voit un mot avec le préfixe « death », on a
peur. Normal, car il est souvent la justifiaction d'un chant proche
d'un hurlement provoqué par une combustion spontanée, d'un batteur
qui se fait pousser cinq bras pour l'occasion et qui tape sur tout ce
qu'il peut atteindre, et d'une guitare dont les cordes s'usent aussi
vite que le médiator qui les titillle. Nous allons cependant contredire
ce propos à peine exagéré en parlant d'un genre dont rien que le
nom fait sourire, le deathcountry.
Et
oui, ça existe ! Mais ici, point de violence, mais plutôt une
musique qui ne semble être que l'ombre d'elle-même, un chant
désincarné et une instru dépouillée. Un genre qui conviendrait
parfaitement à un enterrement. Et pour cause, non satisfait de
donner le cafard avec seulement l'intro, les paroles ne sont pas des
plus optimistes. Traitant principalement de sujet morbides comme la
mort, les condamnations, des personnages marginaux qui ont généralement assassiné toute leur famille, ce n'est pas la musique la plus réconfortante qui
soit. On retrouvera aussi un petit penchant pour la religion, surement des orthodoxes.
Présenté
comme un sous-genre de musique country, le deathcountry puise dans la
musique folk et country traditionnelle des années 40, en s'inspirant
notamment de Hank Williams, une icône de la musique country. A ceci
est mêlé un punk rock que l'on sentira principalement dans le
chant, car en effet on ne trouvera pas de guitare saturées couvertes
par une basse rageuse. Non, ici seulement une guitare sèche, un
banjo, et occasionnellement violon et percussion. Egalement une
contrebasse, faisant écho avec le psychobilly dont les principaux
groupes utilisaient également cet instrument, comme les groupes
Demented Are Go ou The Meteors, genre auquel Didier Wampas fera
hommage avec le titre Quand j'étais psycho.
Mais
maintenant, il est temps de se plonger dans le deathcountry en
parcourant les princiaux artistes de ce genre. On commence avec
Graveyard Train, qui répond parfaitement aux critères du genre, un
son dégueulasse et une country qui tend vers le folk, on retiendra
des titres comme Even Witches Dancing
ou encore The Ferryman.
Malheureusement, très peu d'informations sont disponibles sur ce
groupe.
Mais
on passe à un des meilleurs groupes, sinon le meilleur, Those Poor Bastards. Déjà le
nom est génial, et la musique l'est encore plus. Il ne s'agit plus
de faire de la musique propre, il s'agit de sortir ce qu'on a dans le
ventre et de le plaquer sur un CD. Et ça marche rudement bien, déjà
six albums pour ce groupe, qui mélange sa country dépouillée avec
un gothique morbide qui pourrit littéralement toutes les chansons du
groupe, et c'est ce qu'on aime. Plusieurs de leur morceaux sont des
titres phares du deathcountry, si lumière il y a, comme Sacrificial
Lamb, I
Walk The Line (reprise de Johnny Cash),
Crooked Man,
ou encore Old Pine Box.
Ce
qui est une belle transition vers le groupe suivant, The Pine Box
Boys. Créé en 1993, ce groupe est cependant plus soft que les deux
précédents, moins « death » dans l'âme, ou alors il faudrait
rajouter un pré-préfixe, qui donnerait du speed deathcountry, Mr
Skeleton à
l'appui. On retrouve cependant ce ton humouristique voir cynique
propre au deathcountry. On retiendra également le titre Will
You Remember Me,
qui, pour le style, est d'une terrible beauté, mais une beauté
enfouie, oubliée sous les décombres sur lesquels ces groupes ont
appris la musique.
Mais maintenant parlons d'un des groupes les plus sublimes, des plus décharnés, Sons Of Perdition, groupe qui semble ne tourner autour que d'un seul homme, Zebulon Whatley, mais dans le doute on en parlera au pluriel. Forts de quatre albums, ils se rapprochent de Those Poor Bastards, en moins dégueu, et en plus épuré, si c'est possible. Sons Of Perdition, c'est la simplicité, l'austérité. Un premier plan très léger, avec en général une guitare et une voix, accompagnées à l'occasion d'un autre instrument. Mais là où Sons Of Perdition se distinguent, c'est par le travail sur le fond, en parsemant le morceau de divers bruits d'ambiance – on vous renvoie au titre Burial At Sea. Ce petit penchant pour l'expérimental va caractériser le groupe au long de sa discographie. Enfin on pourra retenir des titres comme Blood In The Valley, Psalm Of Retribution, Anhelo,...
Bien
sur, il en existe beaucoup d'autres, mais il faut bien faire une
sélection. Pour finir, nous dirons que le deathcountry est un terme
qui a été utilisé pour la première fois par Hank Ray (merci
Wikipédia), et qui s'est essentiellement développé dans les années
90. L'influence du punk se fait également sentir dans la durée des
morceaux, qui dépassent rarement les quatre minutes. On s'en remet une petite compile, histoire que vous ayez le temps d'accrocher une corde au plafond.
Bien sur n'écoutez pas ça toute la journée, à un moment ça devient pesant. Mais ici l'important c'est de découvrir, et ce genre obscure peut s'avérer utile, notamment pour montrer aux
amateurs de death-metal-core-speed-fusion qu'on peut être death sans
pour autant annihiler les tympans de tout un peuple.